Les membres de l'Académie Goncourt n'ont pas seulement élu un nouveau président, ce 13 mai. Ils ont aussi dévoilé les lauréats et lauréates des Prix Goncourt du printemps, qui saluent un premier roman, un recueil de nouvelles, une biographie ainsi qu'une œuvre poétique.
Le Prix Goncourt du premier roman revient à Eve Guerra, pour son livre Rapatriement, publié par les éditions Grasset en janvier dernier. Le titre avait déjà été remarqué par le magazine Transfuge, qui lui avait aussi décerné le titre de meilleur premier roman.
Le Prix Goncourt de la nouvelle revient quant à lui à Véronique Ovaldé, pour son recueil À nos vies imparfaites, paru chez Flammarion en avril dernier. La lauréate du Prix Renaudot des lycéens en 2009 pour Ce que je sais de Vera Candida (L'Olivier) décroche ainsi son premier Prix Goncourt.
Le Goncourt de la Biographie Edmonde Charles-Roux, nommé en hommage à celle qui fut présidente de l'Académie entre 2002 et 2014, salue le travail de Geneviève Haroche-Bouzinac, avec son ouvrage Madame de Sévigné (1626-1696), publié par les éditions Flammarion en octobre 2023.
Enfin, le Goncourt de la poésie Robert Sabatier couronne Louis-Philippe Dalembert « pour l'ensemble de son œuvre ». Une belle distinction pour celui qui fut finaliste du Prix Goncourt 2021 avec Milwaukee Blues (Sabine Wespieser).
Graal de la littérature française, attribué depuis 1903, le prix Goncourt, créé par Edmond et Jules de Goncourt, deux écrivains passionnés du XIXe siècle, vise à soutenir et à honorer la littérature française. À leur mort, ils lèguent leur patrimoine pour perpétuer leur idéal littéraire. L'Académie Goncourt, composée de 10 membres, sélectionne chaque année le lauréat parmi plusieurs candidats. Le processus est rigoureux : une liste initiale de 15 auteurs, réduite à 8, puis à 4 finalistes. En cas d'égalité, le président de l'Académie départage avec un vote décisif. Notons que Romain Gary est le seul à avoir remporté deux fois le prix, en utilisant un pseudonyme pour sa seconde victoire 🦹
Derrière le prestige et la reconnaissance se cache un processus de sélection minutieux. Les membres de l’Académie Goncourt, souvent des écrivains et critiques littéraires respectés, se réunissent plusieurs fois par an pour débattre et choisir les œuvres méritantes. Ces réunions sont souvent l’occasion de débats passionnés sur l’état de la littérature contemporaine et les critères de sélection. La pression est immense, car le choix du lauréat peut marquer une carrière à jamais.
Le prix Goncourt offre un chèque symbolique de 10€, mais son véritable pouvoir réside ailleurs. Un lauréat Goncourt voit ses ventes exploser, avec une moyenne de 367 000 exemplaires vendus. Selon l’institut GFK, les ventes peuvent même être multipliées par dix ou trente. Entre 2018 et 2022, un Goncourt moyen s’est vendu à 508 000 exemplaires, rapportant environ 1,1 million d’euros à l’auteur. De plus, cette récompense ouvre des portes à des collaborations, des traductions et d’autres opportunités professionnelles.
Au-delà de l’aspect financier, le prix Goncourt offre une visibilité médiatique exceptionnelle. Les lauréats sont souvent invités sur des plateaux de télévision, dans des émissions littéraires, et participent à des festivals et salons du livre. Cette exposition médiatique contribue à renforcer leur notoriété et à toucher un public plus large. Les collaborations avec d’autres auteurs, maisons d’édition, et la traduction de leurs œuvres en plusieurs langues sont autant d’opportunités qui découlent de cette reconnaissance.
Les maisons d’édition profitent également du prix Goncourt. Il représente entre 10% et 35% des ventes annuelles de l’éditeur, générant entre 6 et 8 millions d’euros. Publier un lauréat du prix Goncourt renforce la réputation de la maison d’édition, attirant médias, auteurs et librairies. Les librairies bénéficient aussi de la hausse des ventes des livres primés, augmentant ainsi leur chiffre d’affaires et leur visibilité.
Malgré son prestige, le prix Goncourt n’échappe pas aux critiques. Certains reprochent à l’Académie de privilégier des auteurs déjà établis au détriment des jeunes talents. D’autres critiquent le poids médiatique du prix, qui pourrait influencer les choix de l’Académie. Enfin, certains estiment que le prix Goncourt ne reflète pas toujours la diversité de la littérature française contemporaine, en privilégiant certains genres ou thèmes.
Si la récompense financière du prix Goncourt est symbolique, les avantages réels sont considérables. L'impact sur le succès commercial et professionnel des lauréats est immense, boostant leur visibilité et ouvrant de nouvelles opportunités. En somme, le prix Goncourt agit comme un véritable accélérateur de réussite pour les auteurs, tout en renforçant la position des maisons d’édition et des librairies. Un prix littéraire emblématique, dont l’influence dépasse largement la simple reconnaissance symbolique !